Cela faisait 2 jours que je rêvais de la guerre.

La première nuit, je me cachais dans la maison de mes grands-parents avec ma famille, en regardant par la fenêtre les maisons voisines se faire bombarder. La deuxième nuit, j’avançais avec d’autres filles, masquée sous des écharpes, pour prendre un avion et fuir mon pays.

Je n’aurais jamais imaginé que mes rêves seraient la prémonition des drames dont j’ai été spectatrice via la lucarne télévisuelle de mon salon, cette soirée du 13 novembre 2015, alors que j’étais complètement déconnectée à refaire un monde de paix et de communauté avec ma kiné magique, dans mon salon, un verre à la main.

Ces images de haine et de violence m’ont rappelé les discussions avec une amie il y a 3 semaines, pendant nos vacances au bout du monde, sur les stratégies des terroristes pour s’infiltrer au sein de notre paix, dans tous les pays du monde, pour pouvoir ensuite la déchirer sans état d’âme. Nos paroles m’avaient fait froid dans le dos et laissé un goût amer dans la bouche car je savais qu’elles contenaient une grande part de vérité. L’horreur n’a pas de limite et ne recule devant aucun stratagème.

La troisième nuit, nourrie par les images de ces attentats-suicides, je me suis retrouvée au milieu de ruines, traînant des corps blessés pour les mettre à l’abri.

J’ai passé ma journée de samedi à rafraîchir les réseaux sociaux, à mettre des visages sur ces gens qui avaient vécu le pire, qui avait rampé dans le sang, qui avait couru très vite, qui s’était caché très fort, qui avait essayé de s’en sortir et d’en aider d’autres à le faire. Qui ont vu la mort les frôler. Qui ont vu la mort les prendre. A cause de la folie des hommes.

Et puis, j’ai vu le visage de ces 2 jeunes gens, ces amoureux aux grands sourires, passer et repasser. Repasser une dernière fois. Pour annoncer qu’ils n’étaient plus, que leur vie avait été sacrifiée pour défendre l’honneur d’une organisation qui n’a pas la moindre idée de ce que ce mot signifie. Pour moi, ils sont le symbole de tout ce qu’on a essayé d’éradiquer ce soir-là : la joie de vivre, la jeunesse, l’amour, la liberté.

Je me suis demandé comment il était possible d’avoir le cœur tellement noir pour que nous viennent l’idée d’ôter la vie à des inconnus. Et autant de lâcheté pour le faire dans l’obscurité, dans leur dos, dans une pièce sans issue.

Le soir venu, je suis allée lever mon verre avec certains des gens que j’aime, un peu à la mémoire des âmes sacrifiées de la veille. Parce qu’il faut célébrer la vie. Parce que aimons-nous vivant, bordel. Ils ont réussi à me faire peur mais je ne laisserai pas cette peur ni leurs valeurs dicter ma vie. Je vais continuer à danser, à rire, à aimer. A me rouler dans l’existence mécréante qu’ils exècrent parce qu’on peut la choisir sans en avoir honte. Parce que leur répondre autrement serait une insulte à la vie que l’on défend.

Je réponds à la haine par l’amour. Je réponds à l’ignorance des uns par l’éducation de tous. Je réponds aux attaques en tendant la main. Trouvons ensemble des solutions pour ne plus se laisser dicter l’horreur et apprendre à ceux qui prône la violence que ça ne les mènera jamais nulle part, ni dans ce monde, ni dans un autre.

J’ai rêvé de la guerre et j’ai su qu’il fallait absolument l’éviter.

Tout sauf la guerre. Tout sauf la haine.

S’il vous plait.

The post Tout sauf la guerre. appeared first on Little Black Sheep.